Il n’est pas rare que l’on attribue la dégradation des structures de bois d’un bâtiment aux moisissures à la suite d’un dégât d’eau ou d’un arrosage causé par un incendie partiel. Cette attribution est généralement erronée parce que les moisissures ne sont pas les véritables coupables des pourritures en profondeur du bois.
Les moisissures sont des champignons dits « microscopiques », c’est-à-dire des champignons dont le développement est difficile à percevoir à l’œil nu. En présence de conditions d’humidité et de température favorables, elles se développent à la surface des matériaux et produisent rapidement des multitudes de spores, ces germes qui servent à leur reproduction et qui peuvent causer des réactions allergiques chez certaines personnes sensibles. Quand elles sporulent, on peut distinguer de minuscules mousses de différentes couleurs sur les matériaux. Habituellement, selon les genres et espèces, les moisissures poussent et meurent rapidement, mais n’attaquent pas le bois en profondeur.
Contrairement à celles-ci, les champignons dits « macroscopiques » peuvent dégrader le bois en profondeur. Ces champignons ont un développement facile à observer lorsqu’ils forment leurs grandes structures de reproduction. Par contre, lorsqu’ils se développent dans un matériau, ils peuvent demeurer invisibles durant des mois, voire des années. Les champignons comestibles en font partie, tout comme le mérule, « ennemi des maisons », qui a déjà fait l’objet d’une rubrique dans ce Bulletin.
Il faudra aux champignons macroscopiques, avec l’aide d’autres microorganismes, de nombreux mois dans les meilleures conditions, des années en général, afin de dégrader des structures de bois au point qu’elles en perdent leur intégrité. Pour cette raison, lorsque quelques jours ou semaines après un sinistre impliquant de l’eau, on constate que des structures de bois sont pourries et que des moisissures sont présentes, ces dernières n’ont rien à voir avec la dégradation en profondeur qui est observée. Elles n’ont profité que de l’opportunité momentanée engendrée par ledit sinistre.
Il est donc important de consulter un expert en microbiologie qui saura indiquer les limites des pertes dues à un tel sinistre par rapport à celles issues de la détérioration à long terme d’un bâtiment. Pour l’expert, le profil de la dégradation sera également un indicateur des causes potentielles de cette dégradation.